LES « LOIS » DE L’ORGANISATION DU TRAVAIL

(Pierre Célier, Revue du CPA-EG, ENSET de Mohammedia, nov. 2004)

Ci-dessous une brève présentation de quelques unes des « lois »  souvent évoquées en économie-gestion et relatives à l’organisation du travail :

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LA LOI DE MURPHY :
« Une tartine tombe toujours sur le côté beurré »

Édouard A. Murphy, ingénieur à l’US Air Force, supervisait, en 1949, une expérience nécessitant l’utilisation de seize capteurs accrochés en divers endroits du corps d’un soldat-cobaye. Il y avait deux façons d’accrocher les capteurs. Une bonne et une mauvaise. Un de ses subordonnées réussit à installer simultanément les seize capteurs dans la mauvaise position… Ceci l’amena à formuler cette loi qui allait lui valoir une gloire internationale : s’il existe plusieurs manières de faire quelque chose et que l’une d’elles est susceptible d’engendrer une catastrophe, on peut être certain qu’il se trouvera quelqu’un pour la choisir !
La loi de Murphy ou « loi de l’emmerdement maximal » peut se vérifier quotidiennement que l’on soit automobiliste (la file d’à côté avance toujours plus vite), voyageur (l’hôtesse vous sert toujours le café juste avant que l’avion n’entre dans une zone de turbulences), etc.

Cette loi connaît de multiples variantes : « Toute catastrophe qui peut se produire se produira » ; « Si un malheur est impossible, il se produira quand même » ; « S’il y a une possibilité que plusieurs désastres se produisent, celui qui causera le plus d’ennuis sera le premier à arriver » ;  etc.

>>> POUR APPROFONDIR :
- « Loi de Murphy » (article Wikipédia)

– « La loi de Murphy et ses corollaires » (Megawave)
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LES LOIS DE PARKINSON :
« Tout travail tend à se dilater pour remplir tout le temps disponible »
« Le temps passé sur une question est en proportion inverse à son importance », etc

C. Northcote Parkinson, professeur de science politique, est l’auteur d’un ouvrage (« Parkinson’s law », 1958) où il décrit de manière humoristique les défauts de fonctionnement des grandes organisations.
Sa loi la plus connue « Work expands to fill the time available for its completion » traduit le fait qu’un individu tend généralement à utiliser tout le délai dont il dispose pour effectuer un travail, quel que soit la durée de ce délai. Ainsi, un manager qui dispose d’une semaine et de dix subordonnés pour réaliser une tâche, sachant que cinq personnes pourraient s’acquitter de celle-ci en une semaine, aura tendance à rajouter ce qu’il faut de complications, de réunions, de consultations diverses pour que la réalisation de celle-ci dure finalement une semaine, malgré l’effectif disponible.

Un des corollaires de cette loi (basé sur les axiomes suivants : « tout responsable souhaite multiplier ses subordonnés, non ses rivaux » et « les responsables se donnent mutuellement du travail ») est que plusieurs personnes seront progressivement amenées à accomplir le travail d’une seule, tout en étant de plus en plus surchargées par les tâches diverses (comptes rendus, rapports, réunions, etc.).
Dans l’entreprise, cette loi se manifeste notamment par le fait qu’ajouter des ressources supplémentaires (intérimaires, consultants extérieurs, matériel) pour accélérer un projet, aboutit à l’effet inverse et le retarde plus encore.

C.N. Parkinson est également l’auteur d’autres lois moins connues dont, notamment, celle dite de l’insignifiance : « Le temps passé sur une question est en proportion inverse à son importance ». Selon celle-ci, lors d’une réunion, les individus ont tendance à passer plus de temps sur des questions mineures (plus faciles à maîtriser et sur lesquelles chacun à son mot à dire) que sur les questions majeures (plus techniques et requérant un travail préalable d’approfondissement et d’analyse).

>>> POUR APPROFONDIR :
- « Loi de Parkinson » (article Wikipédia)

– « La loi de Parkinson appliquée à la gestion de projet » (Ammar Anass)
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LE PRINCIPE DE PETER :
« Dans une hiérarchie, chaque employé tend à s’élever jusqu’à son niveau d’incompétence »

Laurence J. Peter, psychologue et professeur d’éducation à l’Université de Californie du Sud a publié en 1969 un ouvrage « The Peter principle » (qui aurait été, en fait, rédigé par R. Hull, auteur de pièces pour la télévision et le théâtre).
Son principe est fondé sur le fait que, dans une organisation quelconque, si quelqu’un fait bien son travail, on lui confie une tâche plus complexe. S’il s’en acquitte correctement, on lui accordera une nouvelle promotion… Et ainsi de suite, jusqu’au jour où il atteindra un poste au-dessus de ses capacités, où il restera indéfiniment.

Parmi les multiples corollaires du principe de Peter on peut notamment relever les suivants :
- « Dans une organisation, le travail est réalisé par ceux qui n’ont pas encore atteint leur niveau d’incompétence » ;
- « La supercompétence aboutit souvent au renvoi parce qu’elle bouleverse le principe hiérarchique ;
- « Un salarié qualifié et efficace consent rarement à demeurer longtemps à son niveau de compétence, il va tout faire pour se hisser jusqu’au niveau où il sera incompétent ».

>>> POUR APPROFONDIR :
- « Le principe de Peter » (article Wikipédia)

- « Management : comment contrer le principe de Peter » (Neuromonaco)

- « Le principe de Peter » (extraits de l’ouvrage en version pdf)

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LE PRINCIPE DE DILBERT (variante du principe de Peter) :
« Les entreprises affectent les incompétents là où ils feront le moins de dégâts : c’est à dire aux postes de direction »

Dilbert, est l’anti-héros d’une bande dessinée célèbre où son auteur, Scott Adams, expose sa vision sarcastique du fonctionnement des entreprises. Selon lui, la meilleure parade qu’ont trouvé les entreprises au principe de Peter (cf. supra) est de nommer les incompétents aux postes de direction, pour les empêcher de faire trop de dégâts sur le terrain. Dans le monde de Dilbert, les « chefs » ne travaillent donc pas, ils font semblant.
Pour les occuper à cette fonction pour laquelle ils ne sont pas compétents, Dilbert leur propose différentes solutions : rebaptiser leur service, redistribuer les bureaux, animer des groupes de travail, réaliser de belles présentations avec des camemberts, etc.
Le fin du fin étant évidemment qu’ils réussissent à faire faire leur propre travail par leurs collaborateurs, en s’arrangeant pour que ce soit à leur demande !

Une des nombreuse conséquences de cette situation est que, plus une entreprise grandit, plus elle engagera des médiocres aux postes de direction. En effet, les cadres arrivés au sommet, selon le principe de médiocrité ascensionnelle, préféreront promouvoir des personnes aussi incompétentes qu’eux, afin qu’elles ne leur fassent pas d’ombre.

>>> POUR APPROFONDIR :
- « Principe de Dilbert » (article Wikipédia)

– « Le principe de Dilbert » (extraits de la BD)
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LA LOI D’ILLICH :
« Au-delà d’un certain seuil, l’efficacité humaine décroît, voire devient négative »

Ivan Illich est surtout connu pour ses travaux en matière d’éducation. Au cours de ses recherches, il a remarqué que la « loi des rendements décroissants », développée par Turgot et les économistes classiques (dans la zone dite des rendements décroissants, on ne double pas nécessairement la quantité de blé produite en doublant la quantité de travail agricole – Plus on approche d’une certaine limite, plus il faut ajouter de travail pour obtenir toujours moins de blé supplémentaire), peut également s’appliquer à l’activité humaine… Au-delà d’un certain seuil, l’efficacité de l’être humain finit par devenir négative.

Stakhanov et ses adeptes ont montré que, plus on subit de pression, plus on est performant et que certaines personnes ne travaillent jamais aussi bien que sous stress.
Mais, selon la loi d’Illich, cela ne serait vrai que jusqu’à un certain point. Au-delà, toute dose de stress supplémentaire s’avère contre-productive.

>>> POUR APPROFONDIR :
- « Ivan Illitch » (article Wikipédia)
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