LES « LOIS » DE L’ÉCONOMIE

 (Pierre Célier, Revue du CPA-EG, ENSET de Mohammedia, nov. 2004)

Ci-dessous une brève présentation de quelques unes des « lois »  souvent évoquées en économie-gestion et relatives à l’économie :

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LA LOI DE L’AVANTAGE ABSOLU (A. Smith) :
« Si un pays étranger peut nous fournir une marchandise à meilleur marché que nous ne sommes en état de faire nous mêmes,
il vaut mieux que nous la lui achetions avec quelque partie du produit de notre propre industrie,
employée dans le genre dans lequel nous avons quelque avantage »

L’économiste écossais Adam Smith (1723-1790) est l’auteur de « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations » (1776).
Sa doctrine du libre-échange prolonge, au niveau des échanges internationaux, sa théorie de la « main invisible » établie à l’échelle des relations entre les individus. Sa « loi de l’avantage absolu » cherche à expliquer pourquoi les pays ont intérêts à se spécialiser dans les produits pour lesquels ils ont des conditions de production meilleures que les autres pays.

Ainsi il démontre que si, par exemple :
– la France fabrique en 1 heure de travail : soit 10 produits A, soit 1 produits B
– les États-Unis fabriquent en 1 heure de travail : soit 8 produits A, soit 2 produits B
alors la France a intérêt à se spécialiser dans la production du produit  A et les États-Unis dans celle du produit B.
La production conjointe des deux pays dans la production où ils détiennent respectivement un avantage absolu est alors maximum et l’échange permettra de satisfaire les besoins de chacun.

Sans entrer dans le détail des nombreuses controverses qu’a pu susciter cette théorie (problème de l’indépendance stratégique des pays, de la fixation des rapports d’échange, de la protection des industries naissantes, etc.) on voit que cette loi ne peut expliquer qu’une partie du commerce international puisqu’elle laisse de côté le cas des pays qui auraient une productivité inférieure à celle des autres pour l’ensemble des produits (cf. infra : la loi des avantages comparatifs de D. Ricardo).

>>> POUR APPROFONDIR :
- « La théorie des avantages absolus » (article Wikipédia)

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LA LOI DES AVANTAGES COMPARATIFS (David Ricardo) :
« Si deux nations peuvent fabriquer l’un et l’autre des produits A et B mais que l’une est meilleure dans ces deux activités,
il sera dans l’intérêt de chacune que la première s’emploie exclusivement à la fabrication du produit où elle est la meilleure
et la seconde à la fabrication de l’autre produit »

L’économiste anglais David Ricardo (1772-1823) est notamment l’auteur « Des principes de l’économie politique et de l’impôt » (1817).
Dans cet ouvrage, il montre que le critère de la spécialisation des pays dans les échanges internationaux ne doit pas être celui de l’avantage absolu, mais celui de l’avantage relatif qu’un pays peut avoir sur ses concurrents dans la production d’une marchandise.

Ainsi il démontre que si, par exemple :
- la France fabrique en 1 heure de travail : soit 1 produit A, soit 1 produits B
– les États-Unis fabriquent en 1 heure de travail : soit 4 produits A, soit 2 produits B
alors les États-Unis détiennent un avantage absolu à la fois sur les produits A et B. Toutefois son avantage relatif étant plus élevé pour le produit A (productivité 4 fois supérieure à la France), cette nation a intérêt à s’y spécialiser.

Autrement dit, sous réserve que le rapport d’échange international s’établisse entre les deux rapports nationaux (1/1 < r < 4/2), chaque pays trouvera avantage à se spécialiser dans un seul produit.
En effet, en cas d’économie autarcique la France échangerait 1 A contre 1 B et les États-Unis 4 A contre 2 B. Au contraire, en se spécialisant respectivement dans la production de Y et X et en supposant que le rapport d’échange s’équilibre à r = 1,5 : la France obtiendra 3 X contre 2 Y (gain d’une unité de X par échange, soit 1 heure de travail) et les États-Unis 2 Y contre 3 X (gain d’une unité de X par échange, soit 1/4 d’heure de travail).

Le rapport d’échange retenu ici (r = 1,5) est arbitraire, mais il est facile de vérifier que le commerce entre ces deux pays reste mutuellement avantageux dès lors que les termes de l’échange s’établissent à l’intérieur de la fourchette des coûts relatifs propres à chaque pays (r = 1/1 = 1 pour la France et r = 4/2 = 2 pour les États-Unis).
John Stuart Mill (1806-1873, « Principes d’économie politique », 1848) complétera d’ailleurs cette analyse en montrant, qu’à l’intérieur de cette fourchette, les termes de l’échange se déterminent en fonction des comportements de demande propres à chaque pays pour les deux marchandises.

La loi de Ricardo a fait l’objet de nombreuses controverses dans la mesure où elle ne prend pas en compte de multiples facteurs (niveau d’intégration des économies considérées, degré d’interdépendance intersectoriels, risque de dépendance stratégique des pays, possibilité de reconversion, etc.) susceptibles d’en réduire fortement la portée.

La loi de Ricardo étant basée sur la théorie de la valeur-travail (avantages comparatifs exprimés à partir des dépenses de travail nécessaires à la production des différents biens dans chaque pays), les économistes suédois Eli Hecksher et Bertil Ohlin (1899-1979) l’ont reformulé au XX° siècle, dans des termes plus conformes à l’analyse néo-classique (la production résultant, dans ce cadre, d’une combinaison de divers facteurs), en essayant de montrer que la spécialisation internationale tendait à égaliser les rémunérations relatives des facteurs d’un pays à l’autre.
Bien que la théorie d’Hecksher-Ohlin ait fait l’objet de diverses critiques (hypothèse très discutable d’absence de mobilité internationale des facteurs, difficultés de vérifications empiriques, etc.) elle reste à la base de l’approche néo-classique du commerce international.

>>> POUR APPROFONDIR :
- « La loi des avantages comparatifs » (article Wikipédia)

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